samedi 8 juin 2013

La Légende du Tannhaüser


Tannhäuser était un bon chevalier,
Et il désirait voir des merveilles ;
Il voulut entrer dans la montagne de Vénus,
Où elle est avec d’autres belles femmes.

Une fois qu’une année fut passée,
Ses péchés commencèrent à lui faire peine : 
« Vénus, noble dame fine, 
Je veux me séparer de vous.

– Sire Tannhäuser, je vous aime,
Vous ne devez pas l’oublier ; 
Vous m’avez juré par serment 
De ne pas vous séparer de moi.

– Dame Vénus, je ne l’ai pas juré,
Cela je le conteste ;
Si quelqu’un d’autre le disait,
J’invoquerais le jugement de Dieu.

– Sire Tannhäuser, que dites-vous là ?
Il vous faut rester parmi nous. 
Je vous donnerai une de mes compagnes
Pour être toujours votre femme.

– Si je prenais une autre femme
Que celle que j’ai dans la pensée,
Au feu de l’enfer
Il me faudrait brûler éternellement.

– Vous parlez tant du feu de l’enfer,
Et pourtant vous ne l’avez pas senti ;
Pensez à mes lèvres rouges
Qui rient à toute heure.

– Que me font vos lèvres rouges ?
Je ne m’en soucie pas…
Donnez-moi congé, noble dame,
De votre corps orgueilleux.

–Tannhäuser, ne parlez pas ainsi !
Revenez à d’autres pensées :
Allons dans ma chambrette,
Et jouissons du noble jeu d’amour !

– Votre amour m’est devenu déplaisant ;
Je devine vos mauvaises pensées :
Je vois au feu de vos yeux
Que vous êtes une diablesse… »

Il partit ainsi de la montagne
Dans le trouble et le repentir.
« Je veux aller à Rome
Et me confesser au pape.

Me voilà joyeusement en route :
Que Dieu me protège toujours !
Je vais trouver le pape Urbain,
Voir s’il pourrait me sauver.

Ah ! pape, mon cher seigneur,
Je vous avoue en pleurant le péché
Que j’ai commis dans ma vie,
Comme je vais vous le raconter.

Je suis resté pendant un an
Auprès d’une dame nommée Vénus.
Je veux me confesser et recevoir une pénitence,
Savoir si je pourrais voir Dieu. »

Le pape tenait à la main un bâton sec ;
Il le ficha en terre :
« Aussi bien que ce bâton peut verdoyer
Tu peux obtenir la grâce de Dieu ! »

Il repartit de là
En trouble et en douleur :
« Ah ! Marie, pure Vierge mère,
Il me faut me séparer de toi ! »

Il rentra dans la montagne,
Pour toujours jusqu’à la fin :
« Je retourne auprès de ma dame si tendre,
Puisque Dieu m’y renvoie. »

« Soyez le bienvenu, Tannhäuser !
Je vous ai attendu longtemps.
Soyez le bienvenu, cher sire,
Mon amant choisi entre tous ! »

Le troisième jour était venu,
Quand le bâton se mit à verdoyer :
Le pape envoya par tous pays
Savoir ce qu’était devenu Tannhäuser.

Il était rentré dans la montagne,
Il avait choisi son amour,
Et à cause de cela le quatrième pape Urbain
Fut perdu pour l’éternité.

Aucun pape, aucun cardinal
Ne doit damner un pécheur :
Que le péché soit aussi grand qu’il voudra,
Dieu peut toujours le pardonner.

Source : Biblisem.net